Sophie Reverdi dans son récit autobiographique « L’intuition du zéro coupé » nous révèle tous ses combats contre l’obésité…
Fondatrice depuis plusieurs années d’une méthode douce pour maigrir sans privation « Smart and light », Sophie donne confiance et espoir à tous ceux qui souffrent de ces kilos si abominables et qui empoissent tant leur vie…
« Sans doute fallait-il que je regagne ces murs pour boucler la boucle », écrivez-vous…Vous pensez que pour se guérir, il est nécessaire de revenir aux sources…
Peut-on répondre à cette question autrement que de manière subjective… Il revient à chacun de trouver sa forme propre de guérison, son chemin personnel de transformation, sa porte de sortie, sa stabilité et sa paix. Que ce soit un retour aux sources, ou de manière diamétralement opposée, une fuite définitive, il revient à chacun de trouver sa voie de guérison… En revenant vivre dans ce lieu malheureux de mon enfance, je fus prise d’un tel effroi, d’une telle torpeur, d’une telle douleur, d’un tel sentiment de suffocation, que je devais pour me sauver, me trouver immédiatement des raisons essentielles et existentielles d’être là… Si l’on m’avait demandé de décrire l’enfer, j’aurais décrit cet appartement qui était pour moi, sa plus proche et intègre définition. L’ayant quitté à 14 ans, afin de me sauver la vie, je suis revenue vivre dans cet appartement 40 ans plus tard, contrainte par de nombreuses circonstances que j’évoque dans le livre, avec mes deux fils de 16 ans, et je devais « nous » reconstruire… C’est en cherchant plus de raisons encore, mais en priant pour qu’elles soient toutes très positives, que j’ai commencé l’écriture de ce livre. Alors pour eux, pour moi, pour nous, j’ai écrit et pendant les 4 années d’écriture de ce livre, j’ai réussi à trouver des dizaines de bonnes raisons, toutes plus belles les unes que les autres… Dieu merci. Aujourd’hui, je vis avec mes fils dans cet appartement que j’adore et où je me sens bien. Nous y avons mis nos énergies et nos vibrations d’amour, et on est bien….
Après votre intervention chirurgicale quant à la pose de votre anneau, vous écrivez « Peut-être fallait-il me déconstruire totalement pour recommencer à zéro »… Réapprendre à s’aimer… C’est ce que vous voulez dire… Expliquez-nous…
Là encore, lorsqu’on a pris une décision aussi ardente et radicale que je l’avais fait avec cette opération, me battant contre mes parents qui ne voulaient pas en entendre parler… D’ailleurs, à l’époque personne n’en avait entendu parler, il me fallait des raisons, de très bonnes raisons. Alors je me suis posée toutes les questions possibles, mais la première réponse était à chaque fois, « tu dois te sauver la vie ». On ‘avait condamnée à mort, et moi je ne voulais pas mourir, je voulais vivre, et si mon destin était entre mes mains, que mon chemin m’avait conduite jusqu’au cabinet du Docteur Albert-François Creff qui m’avait parlé de cette nouvelle opération, juste après m’avoir annoncé que mon obésité morbide me tuait, et si mon intuition me disait de le faire, je ne ressentais aucune peur. Mon destin ne serait pas la mort à 19 ans, non, mais la reconstruction. On m’avait détruite, mais je me reconstruirai, j’en étais capable, parce que j’étais encore très jeune, et que tout est possible quand on veut vraiment. Réapprendre à m’aimer, oui d’une certaine manière, même si je ne me détestais pas… Je détestais en revanche, l’idée qu’on m’avait fait du mal, que j’avais dû subir le mal des autres, et que cela s’était soldé par cette obésité infâme qui me collait à la peau, mais qui n’était pas moi. Moi j’étais Sophie, je n’étais pas cette amas triste et disgracieux, difforme de graisse, non, moi j’étais forte et belle, joyeuse et pleine de vie, j’étais légère et libre, je voulais revenir à l’essence de moi, et qu’on m’enlève immédiatement cette infâme carapace graisseuse et morbide. J’avais été pendant 18 ans le cobaye de tout ce qui se faisait sur le marché de la minceur à l’époque, mais rien n’avait marché, bien au contraire, je pesais 128 kilos et je ressemblais à une vieille dame bouffie et éteinte de 70 ans, collée à sa chaise, et passant ses tristes journées à engloutir salement tout ce qu’elle pouvait, je ne voulais plus de cette vision d’horreur, je voulais me retrouver et vivre pleinement, libre de mes mouvements, libre et en vie…
Je n’avais aucune certitude quant à l’issue de cette opération, mais il me semblait que je n’avais pas d’autre choix. L’idée que tout le monde (surtout mes ennemis) soit contre, renforçait mon envie de foncer, et d?être quelque part l’auteur de ma reconstruction. En me réveillant, après la pause de l’anneau, je ressentis de telles douleurs, (un abdomen coupé en deux, de haut en bas, sur le corps d’une très jeune fille, petite et obèse, ça ne pouvait pas être une partie de plaisir) que ma première réaction fut de regretter mon entêtement.
Je dus passer plus de 7 semaines en convalescence, afin de pouvoir remarcher, remanger dans des dés à coudre, entre douleurs insurmontables et auto-injection de morphine. Contrainte d’être maintenue contre un mur lorsque je voulais tousser, pour ne pas solliciter trop ma plaie gigantesque, vomissant mes tripes à chaque micro portion avalée… Et j’ai dû me reconstruire, puisque plus rien n’était pareil dans mon corps, mon estomac plein, se situait désormais juste à la fin de mon oesophage, et mon nez se mettait à couler quand ma poche, (dont le contenant était de la taille d’un oeuf), était remplie, et ça, ça voulait dire stop. Mais si par malheur, mon nez ne coulait pas et que j’avais avalé une cuillère de trop, la douleur entre mes seins était si puissante et intolérable, qu’il me fallait immédiatement enfoncer mes doigts dans ma gorge pour expulser le pauvre contenu de mon repas. On m’avait dit que je ne vomirais que pendant six mois, mais 45 ans après, je continue à vomir un repas sur trois… Et cela, je l’ai compris très vite, au bout de six mois écoulés rien n’avait changé, je vomissais même davantage encore puisqu’il me fallait recommencer à manger « vraiment », pour survivre ! Alors moi qui m’étais fait la promesse d’aider les autres enfants obèses à maigrir, je n’avais pas le droit de promouvoir cette saloperie d’opération, il me fallait trouver un moyen… Et je mis en marche un plan très précis afin de pouvoir trouver mon Saint Graal. Cela a pris près de 20 ans… Car je voulais le beurre et l’argent du beurre, je voulais offrir liberté et plaisir, efficacité et réussite, et ce fut un dur pari, mais que j’ai fini par remporter.
Parlez-nous de votre expérience en Tunisie…
Mon expérience en Tunisie fut sur le plan humain et professionnel, la plus belle et forte expérience de ma vie.
J’avais déposé mon projet à l’INPIE quelques mois plus tôt, j’avais aussi fait maigrir une jeune femme de 63 kilos en 13 mois, et le gouvernement tunisien, le ministère de la santé m’avait sollicitée pour collaborer avec eux. C’était « la chance de ma vie ». Je fus reçue et accueillie avec tant de chaleur, de respect, de gratitude, je fus encouragée, adulée et supportée par les plus grands experts, et en particulier par un homme extraordinaire, le Professeur Khemais Nagati, qui était non seulement le plus grand spécialiste africain du diabète, mais qui avait cofondé l’Institut de la Nutrition à Tunis. Il m’avait littéralement et avec une grande insistance demandé de venir l’aider. Quand il a vu les résultats de ma première cliente, il me dit ceci: « Madame, je suis un vieux monsieur qui se bat depuis plus de 40 ans pour évincer les fléaux de l’obésité et du diabète dans ce pays. Pour le diabète, nous avons trouvé des médicaments, mais nous ne savons pas faire maigrir nos patients : lorsque par miracle on arrive à leur faire perdre dix kilos, on est déjà content… Je travaille avec 40 personnes, tous des académiciens de renom, mais nous ne savons pas faire ce que vous faites, venez nous aider… »
Le Professeur Nagati fut mon mentor. Il était tellement dévoué à ses malades, il avait tellement de hantise à l’idée de ne pas les sauver de leurs souffrances, il avait même avec son argent à lui, monté des colonies de vacances pour les enfants diabétiques, sacrifiant toutes ses vacances qu’il aurait pourtant bien méritées, mais où il apprenait aux enfants à se soigner, à se faire leurs piqûres, mais surtout à comprendre leur maladie pour mieux la combattre. C’était aussi ma vision des choses, je pensais nécessaire même indispensable, et au risque d’en choquer plus d’un, de faire comprendre à mes clients les tenants et les aboutissants de leur maladie, pour qu’en toute connaissance de cause, ils puissent mieux combattre leur obésité. Le professeur Nagati m’imposa comme une référence, moi qui n’avais pas un seul diplôme scientifique, car il savait que j’avais les compétences pour aider tous ces gens qui venaient des quatre coins du pays, parfois de très loin, désargentés pour la plupart et souffrant monstrueusement de leurs handicaps, attendre parfois des journées entières dans le hall de lInstitut… Il voulait que je vienne l’aider à les sauver.
Alors, c’est ce que j’ai fait.
Je suis rentrée à Paris. J’ai embarqué mes deux fils de six ans, et nous avons débarqué à Tunis. Nous y sommes restés 10 ans.
J’y ai ouvert 3 centres. J’ai aidé plus de 1500 personnes à retrouver leur poids de santé, fière et infiniment reconnaissante d’avoir été choisie pour le faire par ce Grand Monsieur tellement extraordinaire.